BÉRING (MER DE)

BÉRING (MER DE)
BÉRING (MER DE)

Découverte par le Danois Vitus Béring en 1728, et traversée par lui en 1741, la mer de Béring sépare l’Asie de l’Amérique et fait communiquer l’océan Pacifique, dont elle est l’une des mers bordières, avec l’océan Arctique.

La partie nord-est de cette mer, la moins profonde, a été exondée à plusieurs reprises au cours de l’ère quaternaire, et c’est à la faveur de ce pont continental que des migrations humaines parties d’Asie septentrionale sont passées en Amérique du Nord, vraisemblablement au cours de la dernière glaciation.

Jusqu’à la cession de l’Alaska aux États-Unis d’Amérique intervenue en mars 1867, la mer de Béring n’était entourée que de territoires russes. À l’heure actuelle, elle sert de frontière entre les États-Unis et la Russie.

Séparée de l’océan Pacifique par l’arc des îles Aléoutiennes, elle est limitée, à l’est par la côte de l’Alaska, au nord et à l’ouest par les côtes sibériennes de l’Anadyr et du Kamtchatka. Cette mer communique avec l’océan Arctique par le détroit de Béring. Bien qu’elle soit entièrement située au sud du cercle polaire arctique, elle présente les caractères d’une mer polaire.

Elle occupe une superficie de deux millions et quart de kilomètres carrés. Le volume total des eaux est estimé à trois millions et demi de kilomètres cubes. Mais en réalité la mer de Béring se compose de deux parties dissemblables: un vaste plateau continental (au nord-est), de moins de 150 mètres de profondeur, qui est séparé, par un vigoureux escarpement, d’un bassin océanique d’une profondeur moyenne de 3 800 mètres, qui occupe plus du tiers de la surface totale.

Exploration

Le détroit de Béring et la mer de Béring furent probablement explorés pour la première fois en 1648 par des bateaux russes placés sous le commandement de Semyon Dezhnev.

Le détroit et la mer doivent leur nom à Vitus Béring (1681-1741), capitaine danois qui fut enrôlé dans la marine russe par Pierre le Grand en 1704. Le 5 février 1725, Béring appareillait pour sa première expédition. Il s’engagea dans le détroit en 1728 et découvrit les îles Saint-Laurent et Diomède, mais n’aperçut pas la côte de l’Alaska.

En 1730, Mikhaïl Govzdev et Ivan Fyodorov établirent la première carte du détroit. En 1733, Béring conduisit une nouvelle expédition le long de la côte nord de la Sibérie, à partir de Saint-Pétersbourg, et il atteignit le golfe de l’Alaska pendant l’été de 1741. Il partit en reconnaissance le long de la côte sud-ouest de l’Alaska, de la péninsule de l’Alaska et des Aléoutiennes mais, la malchance le poursuivant (le mauvais temps, l’imprécision des cartes, puis le scorbut), il dut hiverner sur une île inhabitée – l’île de Béring – où il mourut avec plusieurs hommes.

En 1780, des commerçants russes fondèrent une compagnie privée pour effectuer le négoce des fourrures avec l’Amérique du Nord.

L’étude géographique de la mer commença à la fin du XVIIIe siècle. Des explorateurs britanniques entreprirent l’étude du fond de la mer en 1827, puis des Américains, à bord du vaisseau de recherches Albatros de 1893 à 1906. Depuis lors, des investigations systématiques ont été reprises par les Américains, les Soviétiques et les Japonais.

Climatologie

Bien que la mer de Béring soit située à la même latitude que la Grande-Bretagne, le climat y est beaucoup plus rigoureux. Les régions sud et ouest sont caractérisées par des étés froids et pluvieux, avec de fréquents brouillards et des hivers neigeux, comparativement doux. Dans les régions est et nord, les hivers sont extrêmement rigoureux, avec des températures de 漣 35 à 漣 45 0C et des vents violents. Les étés y sont froids, avec des précipitations relativement faibles. La côte de Koryak est enneigée durant huit mois, et la péninsule de Chukchi pendant presque dix mois. Les précipitations annuelles sont de plus de 1 000 mm dans la partie sud (essentiellement sous forme de pluies), et moins de la moitié dans la partie nord (principalement sous forme de neige).

Les températures varient, en moyenne annuelle, de 漣 10 0C pour le nord à + 4 0C dans le sud, et, pour l’eau de mer, de + 1 0C au nord à + 5 0C au sud. La période sous gelée ne dure que quatre-vingts jours dans le nord, où la température maximale est de 20 0C. Au sud, il y a environ 150 jours sans gelée, et la température descend rarement au-dessous du point de congélation; des typhons peuvent occasionnellement survenir dans cette région.

Géophysique

L’arc des îles Aléoutiennes et du Commandeur est une guirlande de marge océanique, dont la partie orientale est adossée au nord à un môle continental, à peu près stable depuis la fin du Secondaire, formé du plateau continental du nord-est de la mer de Béring, de l’Alaska occidental, de l’Anadyr et du plateau continental de la mer des Tchouktches. Seule, une auge peu marquée, dont la subsidence se poursuit vraisemblablement de nos jours, l’en sépare.

La partie occidentale de l’arc aléoute, dont la largeur est généralement inférieure à 100 kilomètres, alors qu’elle en atteint 250 à l’est, sépare deux bassins océaniques; ceux-ci ont tous deux de grandes profondeurs au pied même de la ride montagneuse que longe, du côté du Pacifique, la fosse des Aléoutiennes. À l’ouest, l’arc aléoute est séparé de l’arc kamtchatkien, situé plus au nord par le détroit du Kamtchatka, le seul qui soit assez profond pour assurer le renouvellement des eaux de fond des bassins océaniques de la mer de Béring.

Hydrologie

Les échanges d’eau se font surtout avec l’océan Pacifique, la section mouillée des détroits de l’arc aléoute étant deux cents fois celle du détroit de Béring, dont la profondeur ne dépasse pas 58 mètres. Les eaux profondes du bassin sud-occidental sont, en tous points, comparables à celles du Pacifique. Les eaux superficielles sont mieux individualisées: relativement peu salées, surtout en été, à cause des apports des fleuves, elles connaissent des variations de température assez marquées, surtout près des côtes et dans les régions peu profondes: au-dessus du plateau continental, leur température peut atteindre 8 0C en été, alors qu’en hiver cette région est couverte de glaces.

Les courants portent généralement au sud dans la partie occidentale, ils portent au nord dans la partie orientale, par laquelle transitent donc les eaux que la mer de Béring fournit à l’océan Arctique par le détroit de Béring, où le courant porte généralement au nord.

Géomorphologie

Le plateau continental du Nord-Est est une plaine accidentée de collines peu élevées, et de vallées dont le façonnement date des régressions quaternaires. Quelques reliefs plus importants, dont certains saillent assez pour donner des îles, ont une structure volcanique, mais il s’agit de volcans éteints depuis longtemps et très démantelés. Le long de l’arc aléoute et des côtes asiatiques existent des plateaux plus réduits, traversés par des vallées sous-marines qui prolongent directement les vallées continentales, et qui portent parfois, au large de la presqu’île tchouktche, les traces d’un façonnement glaciaire: ombilics de surcreusement et moraines frontales. Sur tous ces plateaux continentaux, les sédiments sont surtout apportés par les glaces flottantes, qui les arrachent à la côte lors de la débâcle de printemps.

Le tiers sud-ouest de la mer de Béring est partagé en deux bassins par la ride de Chirchov, qui se détache du littoral asiatique au droit du cap Olioutorsky. Le bassin oriental est lui-même accidenté par la ride de Bowers, qui se détache de l’arc aléoute à la hauteur de l’île aux Rats. Ces deux rides ont été interprétées par les Soviétiques comme des chaînes plissées, dont une partie au moins aurait jadis émergé, ce qui expliquerait la platitude des sommets, qui sont aujourd’hui entre 100 et 800 mètres de fond. Les deux bassins sont des plaines sédimentaires, avec de légères pentes vers le sud-ouest. Les sédiments sont un mélange de boues à diatomées et de cendres volcaniques, avec un peu de sable dans le bassin oriental, et quelques cailloux apportés par les glaces flottantes. L’escarpement continental est partout vigoureux, ayant un commandement de l’ordre de 3 500 mètres. Il est entaillé de canyons au moins jusque vers 3 200 mètres de fond.

Exploitation

L’étude de la mer de Béring présente un intérêt certain; les travaux scientifiques sont menés surtout par les Américains sur le plateau continental du Nord-Est, et par les Russes dans les bassins océaniques. Les ressources de cette mer ne sont pas négligeables. On compte plus de 300 espèces de poissons, dont 25 au moins ont une valeur commerciale. On y chasse le phoque, mais les excès de cette chasse ont entraîné, dès 1893, la conclusion d’une convention d’arbitrage international réglementant, pour la première fois, ce genre d’activité. La chasse à la baleine, pratiquée tant par les Russes et les Américains que par les Canadiens et les Japonais, est aussi réglementée.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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